Coquilles de moules et d’huîtres : leurs mille et une vies

Des coquilles d’huîtres au pied des vignes, des coquilles de moules pour traiter les eaux usées : les déchets conchylicoles ont désormais mille et une vies.

Rédigé par Anne Bécel, le 18 Oct 2017, à 16 h 35 min
Coquilles de moules et d’huîtres : leurs mille et une vies
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Les paysans de la mer, qui élèvent huîtres, moules ou autres coquillages, subissent les multiples pollutions de l’arrière-pays qui se déversent le long des côtes, où ils officient. Mais ils sont eux-mêmes à l’origine d’une forme de pollution moins connue, et font aujourd’hui preuve d’innovation pour y pallier : les coquilles de moules et d’huîtres et autres déchets issus de la conchyliculture.

Comment valoriser les déchets conchylicoles ?

La mer recueille tout. Les pollutions agricoles ou celles générées par les activités industrielles, tout chemine, serpente, se glisse par les bassins versants, les marais, les estuaires jusqu’à l’océan. L’estran concentre cette contamination, précisément là où les conchyliculteurs travaillent et se retrouvent directement menacés par la dégradation de la qualité des eaux.

coquilles de moules

© Anita Horvat

Pourtant, ils contribuent, eux-mêmes, à la pollution de ces eaux. La conchyliculture génère en effet d’importants déchets. Les poches à huîtres et les filets à moules, fabriqués à partir de matières plastiques, se retrouvent, parfois, détériorés, le long des plages. Le polyamide ou le polyéthylène, dont ils sont faits, nécessitent plusieurs siècles pour se dégrader.

Que faire des coquilles de moules ou d’huîtres ?

Il existe également une autre pollution dont on soupçonne peu l’existence. L’activité génère ce que l’on appelle des « déchets conchylicoles ». Il s’agit, par exemple, de moules en décomposition en période estivale, lorsque la température de l’eau est trop élevée, ou de coquilles de moules ou d’huitres mortes, ouvertes et décortiquées. Tout ceci est naturel, vous direz-vous. Certes, mais leur accumulation, liée à l’élevage, l’est moins. Stockés dans des décharges, il s’en dégage une odeur peu agréable pour le voisinage. Et rejetés dans les eaux (les étangs et mers fermées), ces déchets sont responsables de l’apparition de la malaïgue, un dysfonctionnement entraînant la mort des coquillages d’élevage. Une grave épidémie, dont les conchyliculteurs de l’étang de Thau se souviennent, lorsqu’en 2003, quelque 60.000 tonnes de coquillages ont été perdues.

Dès lors, la collecte et le recyclage de ces rejets apparaissent indispensables à la pérennité des activités ostréicoles et mytilicoles.

Alors, les établissements conchylicoles s’adaptent et recyclent leurs rejets. Les coquilles, une fois triées manuellement puis mécaniquement, sont laissées au repos pendant plus d’un mois, afin de leur ôter tout résidu organique, avant d’être exploitées de diverses manières.

Valorisation des coquilles et économie circulaire

Concassées, les coquilles d’huître sont appréciées des exploitants agricoles pour leurs richesses en calcaire et en oligo-éléments. On commence à les retrouver dans les vignes, afin de limiter les processus de décalcification des sols. Les amendements calcaires permettent ainsi d’obtenir une terre plus meuble. Certains éleveurs bovins parsèment également leurs pâtures de poudre de coquilles pour améliorer le rendement des vaches laitières.

Les coquilles de moules deviennent, quant à elles, des bio-filtres utiles aux procédés d’épuration des eaux usées. Elles entrent aussi dans la composition de certains bétons armés, offrant une belle alternative à la consommation de sable.

Et il est certain que bien d’autres innovations restent à venir. Une véritable filière de valorisation des déchets coquillés demande à se développer. Comme en témoigne le projet Seaplast, qui cherche à structurer des filières de valorisation des déchets plastiques et sous-produits marins en Normandie, les bioplastiques s’annoncent comme un autre futur possible…

Illustration bannière : Coquilles d’huîtres – © tantantraveller
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Anne Bécel est géographe spécialisée en tourisme équitable, auteur de guides de voyage, ainsi que recherchiste et scénariste pour des émissions...

3 commentaires Donnez votre avis
  1. Je les broie pour mes poules (les poules ont besoin de calcium).

  2. je récupère déjà pas mal de coquilles d huitre que je broie ;;maintenant faut arriver a vendre le produit ;;meme pas chère ca se vebd tres mal ;;Jean Pierre

  3. Intéressant comme info mais c’aurait été bien de donner le nom des sociétés qui participent dans la conversion des coquilles où comment obtenir le produit pour promouvoir son utilisation et le recyclage. Dommage qu’il faut attendre une crise pour faire quelque chose qui relève simplement du bon sens.

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