Edito – Harcèlement à l’école : comment faire le pari positif des réseaux sociaux

Si 80% des amis de vos enfants utilisent SnapChat, Instagram ou Facebook pour communiquer à l’école, vous n’y couperez pas, vos enfants aussi souhaiteront les utiliser. Doit-on rester passif pour autant ? Et comment éviter les dérives de harcèlement qui s’y déploient régulièrement ?

Rédigé par Stephen Boucher, le 18 Dec 2017, à 17 h 35 min
Edito – Harcèlement à l’école : comment faire le pari positif des réseaux sociaux
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Des photos privées qui circulent sans consentement, des propos racistes, du harcèlement quotidien, des images et messages indésirables… ce que vivent nos enfants sur le Net n’est pas du même ordre que ce que nous vivions, parents « de notre temps ». L’ampleur de la diffusion, le caractère indélébile de captures d’écrans non sollicitées et la rapidité de la communication modifient la donne. À cela s’ajoute le caractère délibérément manipulateur des algorithmes de réseaux sociaux conçus pour susciter la dépendance. Comment réagir ?

Pas de Larzac pour les réseaux sociaux

L’interdiction, ça ne marche pas. Par le passé, certains ont cherché l’isolement pour construire leur mode de vie. Difficile aujourd’hui d’imposer à nos enfants de ne pas partager avec leurs ami.e.s avec les outils que quasi tous utilisent et qui sont omniprésents, où que l’on soit sur le territoire. Les études montrent que l’accès à un smartphone est une priorité pour de nombreuses familles, quel que soit le milieu social. Et dans la vie de tous les jours, s’exclame ma fille (de 12 ans !) : « si je ne réponds pas dans les vingt minutes, je ne serai plus vue comme leur amie ».

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Le contrôle parental est une solution à court terme, mais dont le contournement sera vite trouvé. Braver l’interdit parental, n’est-ce pas le principal (en)jeu de la formation de l’identité adolescente ? De même pour l’interdiction d’utiliser l’une ou l’autre appli. Malgré l’interdiction de s’inscrire avant 14 ans, les enquêtes montrent qu’une très grande majorité, jusqu’à 80 % seraient tout de même inscrits. Leur premier contact se fait donc généralement de manière isolée, « sauvage ».

Éduquons-nous aux usages des réseaux sociaux pour mieux contrattaquer

Nous sommes donc condamnés à accompagner le mouvement avec intelligence, en écoute. Qu’est-ce que cela peut impliquer concrètement, pour ne pas paraître comme les « vieux cons » de l’affaire ?

  • Engager une conversation avec nos enfants sur ce que signifie le respect en ligne. Le juriste Philippe Coen nous montre la voie avec le label Respect Zone, qu’il a développé et qui se diffuse en France et au-delà. Sa charte est délibérément simple, et se décline en quatre points : « Je respecte l’autre. Je modère mes contenus. Je modère mes espaces numériques. J’affiche le label. »
  • Initier une conversation avec les autres parents sur la manipulation en ligne : la semaine passée a été marquée par les déclarations fracassantes d’ex-dirigeants de Facebook affirmant qu’ils avaient « honte » de leur contribution au plus grand réseaux social mondial, conçue pour rendre les usagers toujours plus accros. Partageons leurs interviews et révélons à nos enfants que ces outils ne sont pas innocents. Aidons-les à choisir les bons canaux pour communiquer. Cela donne une chance (une toute petite chance, avouons-le) qu’ils apprennent à éviter les applications les plus délétères pour communiquer entre eux.
  • Susciter un débat et une utilisation raisonnée aussi dans les écoles : certaines écoles ont pris le parti d’organiser des journées de débat, ont lancé des consultations auprès de leurs élèves sur leurs usages. On y apprend que beaucoup se plaignent par exemple particulièrement de SnapChat et Instagram. Certains enseignants essaient quant à eux, de susciter une utilisation intelligente des réseaux sociaux : cours pour enrichir le contenu ; apprendre à lire et écrire un Tweet ; correspondre avec des élèves d’autres pays… Les possibilités sont nombreuses.

En guise de conclusion plus optimiste, reconnaissons aussi que nous, génération X ou plus, sommes ceux qui apprenons de manière contre nature à gérer ces réseaux. Ce que nous essayons de rattraper, les générations suivantes sont nées avec et montrent déjà des signes de désengagement. Accompagnons le mouvement.

Et vous, comment faites-vous ? Qu’en pensez-vous ? Quels sont vos astuces et conseils ? Participez au débat dans les commentaires ci-dessous.

Illustration bannière : Les réseaux sociaux amplifient la gravité du harcèlement scolaire @ Rawpixel.com
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Stephen Boucher est anciennement directeur de programme à la Fondation européenne pour le Climat (European Climate Foundation), où il était responsable des...

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